Un grand chef belge vient de mourir subitement à 44 ans : Krist De Bruyn, chef propriétaire du «Bistro Novo» à Roeselaere (Roulers) a été victime vendredi d’une rupture de l’aorte. Il avait Ã©courté sa semaine de vacances à Milan parce qu’il ne se sentait pas bien et était rentré chez ses parents à la Côte, avec sa femme Tine. Peter Goossens, chef propriétaire du triplement étoilé «Hof Van Cleve» à Kruishoutem, était son ami. Il est  effondré : « Krist était non seulement un chef d’exception, mais un homme de cÅ“ur»,  nous a-t-il dit.

 

 

Krist De Bruyn avait installé à Roeselaere un vrai bistrot gastronomique à la française où il proposait une cuisine de simplicité créative, de goût, à la gloire des meilleurs produits. Son parcours avait été remarquable : il avait travaillé en France chez Troisgros et Ducasse, en Belgique, au «Comme Chez Soi» et à «L’Ecailler du Palais Royal», toutes maisons célèbres et bien étoilées. Lui-même avait obtenu une étoile Michelin en 2003 et Le Guide des Connaisseurs lui avait octroyé un «Grand Prix de la Bonne Cuisine de Tradition» en 2004. L’année suivante, il avait été élu Chef de l’année par Gault-Millau Benelux. Il faisait partie de la prestigieuse Ecole des Chefs du Guide des Connaisseurs.

Dans «Demandez le Programme» sur BEL RTL, Jacques Kother lui avait consacré une chronique : «Ce qui fait ici la différence, c’est le talent du chef, son énergie, son imagination bien contrôlée, la qualité des produits du marché. Cuisine de terroir et de vérité, vins choisis dans le monde entier, carte et accueil en français, générosité des mets, c’est du plaisir à partager et le talent explose dans l’assiette.»

Il avait fait ses débuts en 1978, au restaurant «La Poudrière» à Saint-Idesbald, dirigé alors par de grands professionnels, M. et Mme Roger Béghin, aujourd’hui disparus.

Il avait été le témoin de la création de «la Salade des Connaisseurs», en hommage à notre magazine. Il nous en avait envoyé la recette : «La fameuse salade, qui n’a plus quitté la carte pendant des années, était composée de toutes sortes de salades, jeunes pousses et herbes fraîches, haricots verts cuits, tomates mondées, oignons nouveaux, amandes fraîches grillées, le tout assaisonné d’une bonne vinaigrette à l’huile de noix avec un trait de crème fraîche. Par-dessus, on versait des lardons (la poêle était déglacée avec un bon vieux vinaigre) et des croûtons chauds sautés à la minute. Ce chaud-froid était splendide. Le tout était dressé en dôme sur un émincé de langouste ou de homard décortiqués.»

 

 

A Roulers, Krist De Bruyn avait affiché aux murs de son bistrot climatisé, clair, joliment décoré, les cartes des meilleurs restaurants d’Europe. Nous y avons dégusté un de ses triomphes, la sublime tête de veau en tortue. 

«Personne ne la faisait comme lui, c’était la meilleure de toutes, nous a dit Peter Goossens. En hommage à Krist, je vais mettre ce plat à ma carte. Notre amitié remontait à de nombreuses années : nous avons suivi ensemble les cours de l’ Ecole Hôtelière de Coxyde, au temps de l’abbé Notredame. Nous nous voyions et nous téléphonions régulièrement. Avec Tine, il formait un couple incroyable. Ils faisaient tout ensemble. Il ne sortait jamais sans elle, même quand il allait chasser. Car il était aussi un grand chasseur. En gastronomie, il occupait une place à part, très haut : il était fou de terroir, de super produits. Il adorait la vie. Tout dans son restaurant, en témoignait, de l’assiette à l’accueil et au service, irréprochables et conviviaux. J’avais une profonde admiration pour le cuisinier et une immense affection pour l’être humain. Nous venons de subir une grande perte.»

 

Les obsèques auront lieu vendredi à 10 h 30 à Roulers. Une messe sera célébrée dans l’église voisine du restaurant.