Le Guide Henry Lemaire 2007 perd le nord
Sujet: Les indiscr?tions

Le Guide Henry Lemaire 2007 sera sans doute un des rares à voir la vie en bleu, couleur affichée sur sa couverture.
Quel micmac décevant! On y trouve L’Ostend Queen d’Ostende à Zandvoorde, Le Sanglier des Ardennes de Durbuy à Grandhan, un hameau voisin, le Cospaia d’Ixelles à Laeken, le Roannay de Francorchamps à Stavelot, Le Vivier d’Oies de Dorinne à Evrehailles, l’Ecuelle de Wilverdange, Grand-Duché, à Sint- Laureins (Flandre Orientale)…
De quoi affoler un GPS.
Plus de 100 restaurants sur les 1149 répertoriés subissent ce déménagement forcé.
Bravo à la rédaction qui connaît la géographie belge et luxembourgeoise sur le bout de la fourchette et aux correcteurs qui ont les mêmes défaillances et ont laissé passer ça.
C’est ce qui s’appelle une peu évidente culture gastronomique.
Le guide a été présenté au cours d’un excellent déjeuner organisé à l’Alban Chambon de l’Hôtel Métropole à Bruxelles. Quatre chefs y ont proposé quelques créations : Dominique Michou, (L’Alban Chambon), Raphaël Adam (L’Essentiel), Dimitri Marit (Jacques Marit) et Julien Burlat (Le Dôme).
 
Un peu de logique, tout de même !
 
Rien de bien croustillant dans l’édition 2007, sauf qu’on apprend, dans le communiqué de presse, que «184 établissements tirent leur révérence, ne correspondant plus aux critères d’exigence et de qualité du Guide». C’est notamment le cas du ‘t Oud Konijntje de Waregem (2 étoiles Michelin bien méritées, 95 dans le Lemaire 2006) et du Gastronomisch Dorp Eddy Vandekerckhove à Courtrai (92 dans le Lemaire 2006). 
Pas très sérieux, tout ça.
Le Palace, Albertplein, 23 à Knokke, obtient 74. Juste en dessous, Le Palace Memlinc a 72. En fait, le Palace, qui se voit gratifier de trois étoiles hôtelières ( ?), est le restaurant du Palace Memlinc qui en a quatre. Il se trouve évidemment dans le même bâtiment. Vous suivez ?
Confusion aussi en ce qui concerne la Résidence Alexandre, à Durbuy, une dépendance de l’Hôtel-Restaurant Jean de Bohême qui possède un restaurant. On ne mange pas à la Résidence Alexandre, mais on lui attribue les plats du Jean de Bohême.
Pour Le Guide Henry Lemaire, les Frères Romano sont encore trois à l’avenue De Fré à Uccle. Cela fait huit mois qu’ils ne sont plus que deux. Pierre, le chef, est parti.
Michel Reutenauer, a quitté Devos à Mons en juin et a été remplacé par Serge Mautret qui ne pratique pas le même style de cuisine. Lemaire, avec un ou deux trains de retard, consacre sa rubrique à Reutenauer. 
L’Auberjeanville à Nivelles a fait faillite il y a six mois mais obtient encore un bon 80 dans le Guide Bleu. Les absents n’ont pas toujours tort.
On peut se demander si ce Guide est fiable.  Poser la question, c’est y répondre.
 
Pour qui le coup de fusil ?
 
Le rédacteur en chef  Philippe Fiévet, présente une série de « coups ».
Les « Bons coups », ce sont cinq promotions à 90/100 : L’Essentiel à Temploux (Raphaël Adam), Jacques Marit à Braine-l’Alleud (Dimitri Marit), le Dôme à Anvers (Julien Burlat), le Kasteel Withof à Brasschaat (Peter Coucquyt) et le Passage à Bruxelles (Rocky Renaud).
Soit dit en passant, Jacques Marit fait partie des promus à 90/100 mais affiche un 91/100 dans le corps du guide. Ca fait plutôt brouillon.
Le « Promu des promus » : Bon Bon à Bruxelles (Christophe Hardiquest) : 95/100 pour 91 l’an dernier. Avec cette cote, ce jeune chef se voit hissé au même niveau que le Comme Chez Soi, le Sea Grill et la Villa Lorraine et avant Bruneau rétrogradé de 95 à 90 et La Truffe Noire (de 95 à 90). Sans vouloir porter atteinte à son talent, il y a de l’exagération dans l’air. Bon coup ou coup de pub ?
Déjà un « Coup de cœur » du Guide pour le Spud’s, le nouveau restaurant du Sofitel de la place Jourdan à Bruxelles qui est prometteur mais vient à peine d’ouvrir ses portes (89), pour l’Hostellerie du Postay à Wegnez, (85), pour la Porte des Indes, à Bruxelles (85), et pour quelques autres.
« Coup de langue », entre autres privilégiés, sur « Chez Léon » à Bruxelles que le Guide confirme dans son rôle de roi de la moule (et Les Armes de Bruxelles, en face) ?  
« Coup de griffe » sur la Bartavelle à Liers à qui il reproche, via un de ses lecteurs, d’avoir « servi du pain dans lequel on a déjà mordu ».
« Coup de gueule » sur Bruneau qu’il accuse d’un manque de classe (il parle en orfèvre). 
« Coup fumant » pour New Queue de Vache à Molenbeek, « une étable familiale ou l’on peut brouter en paix ».
« Coup tordu » pour ‘t Convent à Reninge dont un « cochon de haut vol » a gobé la récolte de truffes maison (pour info, ce sont des truies qui déterrent les truffes).
Et enfin, « Coup dans l’eau » que le Guide Henry Lemaire s’attribue pour « avoir eu la faiblesse de confier aux restaurateurs via son site web le soin de rédiger personnellement les intitulés de leurs plats et spécialités ». La rédaction se plaint des carences orthographiques de certains chefs et en décline toute responsabilité.
Une réflexion de mauvais goût. A chacun son métier et on aimerait voir cette fameuse rédaction qui a fait cette année un travail approximatif, réaliser des prouesses de chefs devant une poêle ou une casserole.
Le directeur général Roland Dreyer a presque une auréole qui lui pousse au-dessus de la tête quand il affirme que « dans une volonté d’offrir un guide crédible dépourvu de toute publicité, il s’est adressé à deux partenaires média pour abriter ses pages promotionnelles ».
Plus faux cul que ça… Les chefs – ceux qui le veulent  - paient quand même. 
Roland Dreyer prendrait-il ses lecteurs pour des demeurés ?

Danielle Dechamps
    







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