Bien entendu, la cuisine n’est pas toujours au niveau de la gastronomie.
Il faut qu’elle soit intelligente, avec du caractère, précise, fine, millimétrée, sans couacs intempestifs, porteuse d’un art de boire et de manger.
Ce n’est pas le cas dans les usines à bouffe qui prolifèrent partout.
Mais les artisans doués, talentueux, qui ne prennent pas leurs clients pour des demeurés des papilles, sont heureusement nombreux, attentifs à la qualité des produits, soucieux de les préparer dans leur authenticité et toute leur vérité, respectant les saisons et le marché, sans élucubrations gustatives.
Bref, ces cuisiniers méritants proposent des mets aux rondeurs sensuelles dont les arômes exquis entretiennent un délicieux dialogue avec un vin friand et gracieux, souple et joyeux, favorable aux émotions sensorielles.
Le bonheur, alors, est dans l’assiette.
Reste que les bons restaurateurs n’ont pas toujours, et même pas souvent, les clients qu’ils méritent.
Etre connaisseur, c’est un apprentissage de longue durée, une étude permanente mais passionnante, permettant d’estimer le savoir-faire, la persistance des arômes, la finesse des saveurs, l’onctuosité des textures, et la noblesse du produit mis en valeur par ceux et celles qui défendent le goût juste.
Etre connaisseur, c’est privilégier un art de vivre, choisir le meilleur, éviter le médiocre, soutenir l’œuvre des artisans qui ont choisi la qualité et non la productivité à outrance, les fromages d’usine, les volailles privées d’espace, les légumes et les fruits aspergés de produits chimiques.
Au fond, la gastronomie n’est pas seulement un excellent choix. C’est la meilleure façon de lutter contre les dérives de notre époque, c’est un message pour la santé du corps et de l’esprit.
Un ministre (Benoît Lutgen) a proposé que des cours de cuisine soient donnés dans les écoles.
L’idée est excellente, même si sa mise en pratique ne sera pas facile.
La formation d’un gastronome commence au berceau et dure toute une vie qui mérite bien d’être savourée avec appétit et curiosité.
Le manque d’intérêt pour la (bonne) table est facteur de sinistrose et d’ennui.
Il est plus que temps, et nos lecteurs le savent, de profiter de LA JOIE DE VIVRE.
Jacques Kother