
Le roi Henri IV était très porté sur l’écriture, surtout quand il s’agissait d’envoyer des
lettres d’amour.
Son vocabulaire était néanmoins moins riche que ses appétits
sexuels.
Il se limitait à «mon âme», «mes chères amours», «mon cœur» et «bel astre».
C’est charmant, mais un peu court.
Ce n’est pas le cas des Américains qui utilisent des termes indiquant peut-être, selon
l’écrivain Edward S. Gifford, «la survivance d’une association affectivo-nutritive
remontant à la petite enfance» («Les Charmes d’amour», Ed. Albin Michel, 1965).
En voici la liste. Je la recommande aux gourmands.
Mulâtresse excitante : banane.
Adolescente : chou, brioche.
Vierge : cerise.
Femme cruelle : gâteau sec.
Laideron : biscuit froid.
Femme frigide ou homme impuissant : poisson froid.
Péripatéticienne : tarte.
Homme sommairement vêtu ou femme exhibant ses jambes : croquette au
fromage.
Monsieur riche qui dépense des fortunes pour les jeunes filles : papa
gâteau.
Homme qui poursuit les jeunes personnes sans expérience : ramasseur de
cerises.
Edward S. Gifford ajoute que «miel» et «pâté d’agneau» sont des termes de tendresse
entre les sexes, «faire de la bouillie de maïs» signifie s’embrasser tendrement, «cuisiner»,
exciter sexuellement.
Et il conclut : «Lorsqu’un amant dit à sa partenaire «Je te
mangerais», il proclame inconsciemment sa foi dans les mets aphrodisiaques et régresse à son
insu vers la félicité du premier âge».
Très romantique, tout ça.