Je suis effarée de voir que la plupart des gens ne
savent ni acheter, ni choisir, ni même faire la différence du goût. Je sais bien que nous avons
connu deux guerres, que les traditions familiales en ont pris un coup, mais les parents
incapables d’éduquer le goût de leurs enfants -je le vois autour de moi- sont en majorité. C’est
inquiétant pour l’avenir... (Mme P.V.R. Ostende)
Vous avez raison : le goût s’acquiert. Mais il faut le vouloir. En France, on estime qu’il y
a 2 à 3 % de gens vraiment difficiles, curieux et chercheurs. Même chose sans doute chez
nous. La preuve, 8 personnes sur 10 aiment un kir ou un champagne-framboise à l’apéritif,
alors que c’est une hérésie de s‘abîmer le palais avec du sucre et un parfum de fruit...
Il y a aussi les snobs et ceux qui croient savoir. L’imposture fait partout des
ravages.
Ce qui se vend le plus, c’est ce qui est le moins bon : fromages fondus, ou pasteurisés,
charcuteries d’usines.
Heureusement, même ceux qui ne sont pas des gourmets aiment en général manger et
les études actuelles montrent que le repas de famille convivial, chaleureux, fait un retour en
force.
La santé est un bien trop précieux pour que nous fassions aveuglément confiance aux
industriels de l’agro-alimentaire ou aux producteurs de médicaments. Sans gastronomie, tout
repas est banal et donc triste. Quelques spécialistes réhabilitent heureusement la cuisine
joyeuse et les repas-plaisir. Un savant français, le Dr Jean-Marie Bourre, a publié plusieurs
livres sur l’influence de la nourriture non seulement sur le corps mais sur l’intelligence.
Une de ses phrases est à retenir : “La gastronomie n’est pas un luxe dont on peut se
passer sans risque. C’est elle qui nous permet d’accepter avec plaisir la diversité des aliments
nécessaires à notre équilibre.”
C’est mon avis, et il faut regretter que beaucoup d’enfants soient pénalisés parce que
leurs parents se contentent de les nourrir et de les habiller, pas de les éduquer et de former
leur goût.
Le rôle d’un magazine comme “Le Guide des Connaisseurs” est aussi de pallier ce
manque auprès de ses lecteurs les plus jeunes.
Mais, rassurez-vous, les gens qui sont quelque peu connaisseurs sont plus nombreux
aujourd’hui qu’hier et le choix des produits de qualité n’a jamais été aussi
varié.
