Héliogabale, l’empereur fou, fit servir 600 têtes d’autruches
Sujet: Dr?le d?Histoire?

par Danielle Dechamps

On peut dire que l’Antiquité romaine a eu son contingent d’empereurs fous. L’un des plus allumés était Héliogabale (ou Elagabal), au IIIè siècle après J-C.
Quand les Romains ont vu ce jeune Syrien de quatorze ans entrer dans Rome dans un char tiré par des femmes nues, ils se sont dit que cette fois-là encore, ils avaient tiré le gros lot.
Héliogabale saupoudrait sa nourriture d’ambre gris, aphrodisiaque réputé. Il couvrait le riz de perles, les poissons de poudre d’or, les lentilles de pierres précieuses. Il faisait servir des mets  colorés, des dîners d’un seul ton, rose, pourpre, ou vert émeraude. Ses festins avaient généralement vingt-deux services.
 
Des ragoûts de langues de rossignols
 
Entre autres extravagances, il fit massacrer trente laies pour en employer uniquement les vulves et les tétines.
Il se repaissait de ragoûts de langues de rossignols et de perroquets, de crêtes de coq arrachées sur les animaux vivants.
Il nourrissait ses bêtes de cirque de perruches et ses chiens de foie gras.
Ses invités eurent un jour la surprise de trouver dans leur assiette des têtes d’autruche dont ils durent extraire et déguster les cervelles.  Pour l’occasion, Héliogabale avait fait massacrer six cents oiseaux.
Il commandait sans cesse des nouveaux plats à ses chefs de cuisine. Et tant que les préparations n’étaient pas au point, les cuistots étaient condamnés à les avaler jusqu’à la dernière bouchée.
Sur sa table, il n’acceptait que des œufs de paons, de faisans ou de perdrix.
 
L’argenterie par les fenêtres
 
Il adorait l’ail, comme la plupart des Romains. Dès le premier siècle, pourtant, Horace les avait mis en garde contre ce condiment qu’il considérait mille fois plus mortel que la ciguë. Il avait même adressé à Mécène, son protecteur, ce souhait peu aimable : « S’il t’arrive, mon cher Mécène, de goûter à un tel assaisonnement, je prie les dieux que ta maîtresse, mettant sa main devant sa bouche, refuse ton baiser et se réfugie au fond du lit pour fuir tes caresses.»
L’humour de l’empereur Héliogabale était macabre. Il invita un jour huit bossus, huit boiteux, huit sourds, huit maigres, huit gros. Il les installa gentiment et, du haut de la galerie, entouré de ses courtisans, il contempla le spectacle avec force railleries.
Il avait une manie: il jetait son argenterie par les fenêtres en plein milieu des repas. Aussi les convives, prévoyants, apportaient-ils toujours une nappe pour emballer ce qui échappait au massacre.
 
Une mort sordide… 

Lucide, Héliogabale avait tout prévu pour mourir selon ses désirs : il avait fait paver une cour de porphyre pour s’y jeter du haut de son palais ; il portait une émeraude contenant un poison violent ; il ne quittait jamais son poignard d’acier garni de diamants et cachait toujours dans sa tunique une corde d’or pour s’étrangler.
Il fut surpris, tout nu, par ses assassins dans les latrines et s’étouffa, précisera Montaigne, «avec l’éponge dont les Romains se torchaient le derrière». Il avait dix-huit ans.








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