Richard Gere à l'Hôtel Conrad, à Bruxelles. Photos Benoît
Deprez
«Dans cette culture de la haine, les notions d'amour et de pardon sont
de nos jours révolutionnaires…».
Imaginez cette phrase sortant de la bouche d'un Richard Gere, qui n’a
décidément pas fini de nous étonner…
Le célèbre milliardaire de « Pretty woman », trop beau et
trop riche pour être vrai, celui que le magazine People a élu «homme le plus sexy de du
monde» (en 1999, mais c’est encore valable), présente à Bruxelles jusqu’à la fin de l’été
«Pilgrim», une exposition de 64 photographies qu’il a réalisées au Tibet et dans la région de
l’Himalaya.
Par là, il démontre qu'il a plus d’une corde sensible à son arc.
Très détendu, plein d’humour, il a reçu la presse belge et étrangère
dans les salons de l’Hôtel Conrad à Bruxelles, entouré de ses gardes du corps.
Il nous a, évidemment, séduits.
La passion de la photographie
« Pretty woman », « Un officier et un
gentleman », « Chicago », voilà les facettes sous lesquelles nous
connaissions tous Richard Gere.
On ne saurait être plus loin de la réalité actuelle du personnage. Il est
avant tout un idéaliste, un militant, un philosophe. Bien avant d'être l'American Gigolo ou
l'apprenti danseur de Shall we dance?, son dernier film avec Susan Sarandon et Jennifer
Lopez, il a étudié la philosophie à l'université du Massachusetts. La passion de la comédie a
pris le dessus, mais il ne s'est jamais réellement éloigné de ses premières amours.
Bouddhiste convaincu depuis près d’un quart de siècle - et ce n’est pas
un rôle de composition - il défend à travers le monde des causes humanitaires.
Principalement celle de l’oppression des Tibétains par le
gouvernement chinois. Il a fondé à New York la Tibet House destinée à préserver l’héritage
culturel et religieux du Tibet et a créé la Gere Foundation qui apporte
son soutien à l’aide humanitaire en période de crises dans le monde entier.
Son
attrait pour la photographie et son immersion dans le bouddhisme l’ont tout naturellement
conduit à l'exposition Pilgrim. 
«Ma passion pour la photographie date de l'enfance et les images
capturées quand j'étais boy-scout sont les mêmes qu'aujourd'hui. L'inspiration est
identique, le sens de l'harmonie est inné», nous a-t-il déclaré lors de sa conférence de
presse.
Ajoutez à la recette une première rencontre avec le Dalaï Lama, «un
citoyen du monde, extrêmement drôle, mon professeur», et la boucle est bouclée. C'est ainsi
que Richard Gere a endossé son rôle de «véhicule» entre les media, les gens et ces
populations esseulées.

© Richard Gere
Patience et générosité
Qui connaît la situation au Tibet? Entend-on parler de cela dans les
journaux? La réponse est non, ou pas suffisamment. Pour différentes raisons, la Chine a
envahi le Tibet en 1950, laissant les populations dans un environnement bousculé et
dangereux. Aujourd'hui, les Tibétains essaient de se réfugier en Inde, via le Népal. Ils laissent
leur vie derrière eux et partent avec leurs enfants sur les routes, le plus souvent en hiver où ils
risquent moins d'être découverts. Plus d'un tiers d'entre eux, adultes et enfants confondus,
meurent de froid avant d'être arrivés où que ce soit. Et lorsque, malgré tout, ils atteignent la
frontière, c'est majoritairement pour être arrêtés par des gardes chinois ou népalais, qui, après
les avoir maltraités, les renvoient chez eux.
Richard Gere essaie à sa manière d'aider, et pas parce que c'est
inscrit dans la tradition bouddhiste.
«J'ai appris du bouddhisme la définition de la
générosité, de la patience, et que la vérité résidait dans l'unité et non dans l'individualisme,
mais je suis contre la dénomination des religions, être juif, être chrétien, qu'est-ce que cela
veut encore dire? Je préfère parler d'êtres humains bons et altruistes, c'est en chacun de
nous.»
Cette exposition est néanmoins le fruit du hasard. Richard Gere explique
qu'il n'avait pas d'objectif précis, qu'il a fait ce qu'il avait envie de faire et que le public a
répondu présent.
Et à la question d'un éventuel futur film ou documentaire sur le Tibet, il
répond qu'il cherche un livre ou un script à travailler depuis longtemps et qu'il est ouvert à
toute bonne proposition. A bon entendeur…
Candice Kother

Exposition «Pilgrim» de Richard Gere, du 7 juin au 15 septembre 2005 à
la Young Gallery, ouverte du mardi au samedi de 10 à 18h30, au 1485, Chaussée de Waterloo
(côté cour), 1180 Bruxelles. Tél.: 02/374.07.04, www.younggalleryphoto.com
Exposition en coopération avec la "Gere Foundation" et Fahey/Klein
Gallery, Los Angeles.

Les 64 photos en bichromie sont réunies dans un livre sur papier 100%
coton : 55 €. Le coffret édition limitée à 150 exemplaires contenant le livre et un tiré à
part numéroté et signé par Richard Gere : 350 €.
Photos extraites de Pilgrim : © Richard Gere