Dans certaines provinces françaises, on dit qu’une bonne gousse d’ail remet l’amant sur rails. Le roi Henri IV, surnommé le Vert-Galant, se gavait d’omelette à l’ail. Son grand-père lui en avait donné le goût dès sa naissance en lui frottant les lèvres d’ail. Evidemment, cela n’avait pas que des avantages. Henri IV avait la réputation d’empuantir l’atmosphère à la fois par ces effluves et par le fait qu’il ne se lavait pas. Cet effroyable cumul fit s’évanouir Marie de Médicis la nuit de ses noces.

 

Qui imaginerait que l’anchois, ce minuscule engraulidé, dont il faut vanter les vertus iodées plutôt que l'oeil de velours, fait partie de la panoplie des séducteurs?

Curnonsky, le Prince des Gastronomes, raconte que Casanova donna à l’abbé de Bernis dont il partageait la maîtresse (une nonne), une recette à base d’oeufs et d’anchois qui lui fit, dit-on, retrouver toute sa vigueur amoureuse. Il existe d’ailleurs une célèbre recette �d’oeufs à la Casanova� qui fait appel à des oeufs de caille et à des filets d’anchois à l’huile.

La reine d’Angleterre, Elisabeth 1ère, commençait sa journée par un “bouillon de santé�, un consommé de volaille parfumé d’une poignée de persil, un brin de thym, trois de menthe, un peu de mélisse, un gros oignon, du poivre et un clou de girofle.Excellente idée ! Mais l’usage des herbes et des épices est très ancien. On possède un papyrus égyptien datant de 2000 ans avant J.-C. qui mentionne l’usage de nombreuses herbes. Pline l’Ancien (23-79) a écrit 8 livres sur les plantes. 400 ans plus tôt, Aristote et Hippocrate connaissaient les vertus de centaines de plantes différentes. En 60 de notre ère, le médecin grec Dioscoride décrivit les propriétés de 600 plantes dans un livre qui resta un classique pendant plusieurs siècles.

Le profil de la banane, est, évidemment très évocateur. Au début du XVIIIe siècle, le père Labat affirma que c’était elle, le fruit défendu du paradis. Joséphine Baker en sélectionna douze et s’en fit un pagne qui resta dans les annales, en chantant: “Moi, j’aime les bananes parc’qu’y a pas d’os dedans�.

Colette, qui adorait les bananes, disait que “c’était le bon Dieu en culotte de velours Liberty�. La consécration suprême de ce fruit exotique est “le Banana Split� (fente). La banane fendue en deux, farcie de trois boules de glace vanille nappées de chocolat chaud et décorées de crème fraîche, c’est un sommet de jouissance.

Au XVè siècle, François de Bourdeille, père de l’historien Brantôme, adorait le beurre et en était très privé durant le carême. Un jour, il demanda au pape une dispense pour pouvoir manger du beurre durant le carême. Le pape répondit à son souhait et lui fit dépêcher une Bulle pour lui et sa famille. François de Bourdeille ne fut pas le seul à bénéficier d’une dispense. L’Eglise jouait beaucoup sur ces faveurs. Luther, scandalisé par ce trafic d’indulgences, écrivit: “A Rome, ils se rient du jeûne pendant qu’ils nous forcent à manger d’une huile dont ils ne voudraient pas pour graisser leurs souliers�.